Bien le bonjour mes amis !
En me levant ce matin, j’ai senti une certaine agitation dans l’air. Me fiant Ă mon lĂ©gendaire instinct, je sortis comme Ă mon habitude dans la cour du château, la perruque encore un tantinet Ă©bouriffĂ©e, et observai Ă la ronde.
Que vis-je alors ? Des troupes de vendangeurs, panier et sĂ©cateur en main, s’agitant dans un ballet parfaitement orchestrĂ©. J’en dĂ©duisis qu’elles Ă©taient lĂ . Oui, celles que l’on attend tous les ans, j’ai nommĂ©… les vendanges ! Curieux et excitĂ© comme une puce, je dĂ©cidai d’en apprendre un peu plus auprès de l’homme providentiel, le maĂ®tre des ceps, David Houdet. « Mon cher, que s’est -il passĂ© en ce millĂ©sime 2018 ? Racontez-moi donc ! » Toujours aimable et affable, le chef de culture ne se fit pas prier. J’appris que le millĂ©sime n’avait pas Ă©tĂ© de tout repos et avait donnĂ© quelques sueurs froides aux Ă©quipes de la propriĂ©tĂ©. La sortie de l’hiver et le printemps pluvieux et doux laissèrent en effet le champ libre Ă l’affreux et vil champignon baptisĂ© « mildiou », imposant une vigilance de chaque instant pour Ă©viter l’anĂ©antissement de la rĂ©colte.
Puis, après cette forte dose d’eau, une grande sĂ©cheresse s’abattit brutalement sur le vignoble Ă partir du 21 juillet. Écoutant attentivement mon interlocuteur, et fort de mes quelques connaissances viticoles, je le questionnais : « mais mon ami, je croyais que le manque d’eau Ă©tait favorable Ă la vigne ? » Le chef de culture Ă©claira instantanĂ©ment ma lanterne : « comme en toute chose, l’excès n’est pas bon, Marquis. La vigne a besoin d’eau pour sa croissance. Or, Ă l’inverse de l’argile, nos terroirs de graves très filtrants ne retiennent pas l’eau. Si l’on devait prendre une image, c’est un peu comme faire pousser une fleur Ă la plage. On peut toujours la planter, mais sans hydratation, elle meurt ! » m’expliqua de façon mĂ©taphorique David Houdet.
N’y tenant plus, face Ă ce suspense, et soucieux d’accompagner mes futurs festins d’une belle bouteille de château Marquis de Terme 2018, je continuais Ă l’interroger en trĂ©pignant : « finalement, ce 2018 sera-t-il divin, gouleyant, Ă©blouissant ? » Avec un air amusĂ© face Ă mon impatience, il me rĂ©pondit : « soyez rassurĂ© Marquis, le dĂ©nouement de ce millĂ©sime est heureux. 2018 sera riche, avec un profil très aromatique et une belle trame tannique. » Puis s’arrĂŞtant soudainement, il me fixa avec intensitĂ© derrière ses lunettes, et me dit :« je peux vous confier un secret, Marquis ? » En homme de parole, je l’assurais de ma fiabilitĂ©.
«Nous avons dĂ©gustĂ© les premiers jus et il semblerait que j’ai ” millĂ©sime du siècle ” tatouĂ© sur les dents», m’avoua-t-il en souriant de…toutes ses dents ! « On fait en 2018 le millĂ©sime qu’on n’a jamais fait, une vĂ©ritable bombe en perspective ! »
Ravi de cette rĂ©jouissante annonce, je repartis en joie vaquer Ă mes occupations, après avoir encouragĂ© le chef de culture, maintenant les vendanges finies, Ă aller faire une petite sieste pour se rĂ©gĂ©nĂ©rer… avant le millĂ©sime 2019 !